Les algues en Bretagne

Madame Michèle MAGNE, Docteur en Biologie végétale et enseignante en université

LES ALGUES (Ouest-France du 02/12/2014)

 

90 % de la production française

 

Avec une production annuelle d'algues d'un peu plus de 70 000 tonnes, la France se situe au 10e rang mondial. Très loin derrière le champion, la Chine, producteur et consommateur de quelque 12 millions de tonnes ! Environ 90 % de la production française vient de Bretagne, des côtes du Nord-Finistère et l'archipel de Molène essentiellement où 35 bateaux goémoniers ramènent à terre environ 65 000 tonnes de laminaires par an. Quelque 1 000 récoltants à pied (dont 5 00 saisonniers) cueillent aussi 6 000 tonnes d'algues de rive, dont le chondrus crispus, localement appelé « p'tit goem » ou pioca. Pour l'heure, la production annuelle issue de l'aquaculture ne représente qu'un peu plus de 50 tonnes. Afin de satisfaire les besoins d'un marché (en croissance annuelle de plus de 10 %) la France doit importer plus de 130 000 tonnes d'algues (équivalent frais), essentiellement du Chili, des Philippines et Tanzanie.

Le poids des alginates

Alors qu'au plan mondial, l'essentiel de la production d'algues sert à l'alimentation humaine en tant que « légume », la plupart des algues bretonnes sont aujourd'hui encore utilisées dans l'industrie alimentaire pour la fabrication de colloïdes : alginates, agar agar, carraghénanes. Des gélifiants et texturants pour les yaourts, flans, dentifrices, sauces, etc. Deux grosses entreprises implantées dans le Finistère dominent ce marché des algues brunes. Cargill à Lanildut (qui vient de réaliser un investissement de plus de 11 millions d'euros sur son site) et Danisco à Landerneau. Cette société danoise investit 10 millions d'euros pour accroître sa production et se lancer dans le pharmaceutique

Soigner les animaux et les plantes

Le groupe Olmix, basé à Bréhan (Morbihan), spécialiste des solutions naturelles pour la santé animale et végétale, veut mettre en place une filière complète de valorisation des algues, dont les algues vertes cueillies avant leur échouage. Son projet, baptisé Ulvans, va se traduire par la création, à Plouénan, près de Saint-Pol de Léon, de la première « raffinerie » d'algues au monde. Objectif : remplacer les protéines animales utilisées dans l'alimentation du bétail et l'élevage aquacole par des molécules issues des algues. Ou encore mettre au point des substituts naturels aux herbicides et insecticides. Une voie déjà largement ouverte par le Malouin Goémar et son fameux « vacciplant » utilisant des extraits de laminaires.

Un substitut au plastique

L'algue a conquis depuis longtemps les secteurs de l'alimentation, humaine et animale, de la cosmétique, de la pharmacie. Voici qu'elle devient un substitut aux produits pétroliers. À Saint-Malo, un ingénieur, Rémy Lucas, a mis au point une solution alternative au plastique, 100 % naturelle et biodégradable dans le sol en quelques jours ! Algopack fabrique, à partir de déchets industriels d'algues brunes, toute une gamme de produits rigides (emballages, pots de fleur, présentoirs, etc.) et propose à l'industrie de la plasturgie des granules extrudables sous la marque Algoblend. Une chimie bleue en marche !

 

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A-F : Chondrus crispuscomposante du petit goémon en Bretagne
 
 Développer une filière économique d’algoculture en Bretagne implique de trouver des surfaces de culture importantes. C’est l’un des axes prioritaires du projet Breizh’Alg (crédit@Ceva).
 
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