L'émigration bretonne

Marcel LE MOAL ancien "Maître d'Ecole" Président d'Honneur de l'UTL COB

Après cinq années de recherche et d'écriture, Marcel Le Moal vient de publier « L'émigration bretonne ».

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Marcel LE MOAL en dédicace, Ouest-France Rostrenen le 12/04/2013

 

La bougeote des Celtes

Il y a des peuples qui semblent passer les siècles immuables cantonnés entre des frontières qui ressemblent à des murs mentaux. Les Bretons ne sont pas de ceux-là. Depuis toujours ils ont quitté leur pays pour courir les océans ou chercher une vie meilleure ailleurs. Eux-mêmes ne sont-ils pas arrivés sur des bateaux venant de la Grande-Bretagne ? On pourrait penser que ce sont des raisons purement économiques qui ont poussé les Bretons à émigrer, mais non, même en période faste, les Bretons sont partis vers des horizons nouveaux. Leurs ancêtres celtes sillonnaient toute l'Europe et même l'Asie mineure. Certains voient même des Celtes dans les momies du désert du Taklamakan du Xingjiang chinois actuel. Durant la préhistoire des tribus entières partaient avec armes et bagages du jour au lendemain, traversaient la Manche ou le Rhin pour s'installer sur des terres nouvelles.

 

Marins et paysans en quête de terres nouvelles

Si les marins bretons qui formaient les équipages de la marine royale ont très tôt profité des opportunités dans les colonies, c'est seulement au XIXe siècle que l'émigration commence à prendre de l'ampleur, surtout vers des zones agricoles limitrophes, car ce sont les travailleurs agricoles qui souffrent le plus de la misère – et partent d'abord. Le système d'héritage faisait que les fermes étaient divisées en autant de parts que d'enfants, réduisant la taille des exploitations au-dessous du seuil de rentabilité, surtout avant l'arrivée des engrais. Et le clergé encourageait la natalité. Les paysans bretons partent alors vers la Normandie, la Vendée, l'Aquitaine et finalement la Beauce et les zones agricoles de l'Île de France.

 

Les grands départs

Entre 1880 et 1946, la Bretagne a perdu presque un tiers de sa population. Où sont passés tous ces gens ? Ils ne sont pas tous morts sur les champs de bataille de Verdun ou de la Somme... Avec l'arrivée du chemin de fer en Bretagne, beaucoup de jeunes Bretons et autant de jeunes Bretonnes ont un jour sauté dans un train vers la région parisienne. Mais pas uniquement le train, car la ligne maritime Morlaix - Le Havre a facilité les départs vers Le Havre, nous explique Marcel Le Moal. L'auteur raconte l'histoire des déracinés transplantés dans des banlieues anonymes mais qui ont gardé un pied en Bretagne grâce au monde associatif.

 

Emigration de matière grise au XXI siècle

Il manque juste un chapitre, mais l'histoire est peut-être trop récente, sur la nouvelle émigration bretonne en cours. Celle de ces milliers d'ingénieurs, de techniciens, de scientifiques et autres Bretons hautement qualifiés partis travailler dans la Silicone Valley, à Boston, à Londres, en Irlande, à Beijing (Pékin) ou à Shanghaï. En nouvelle donne de cette émigration du XXIe siècle : voir comment l'internet permet à ces nouveaux émigrés de rester en contact entre eux et avec famille et amis restés en Bretagne.

Cette fois ce sont toutes les nouvelles générations de l'hexagone qui sont devenues des émigrants potentiels. Une partie s'en va trouver du travail ailleurs, la France, avec 10 % de chômeurs et 20 % parmi les jeunes, étant devenue au XXIe siècle ce que la Bretagne était au XXe, une terre d'émigration. En une décade, ce sont près de 400 000 français qui seraient partis pour le Royaume-Uni (ce chiffre est contesté toutefois), une grande majorité d'entre-eux travailleraient à Londres et parmi eux des milliers de Bretons.

 

 L'Emigration bretonne de Marcel LE MOAL est publié par Coop Breizh, 530 pages, préface de Gilles Servat

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