Gardien de phare

Monsieur Louis COZAN, ancien gardien de phare

Issu d'une famille de marins et de gardiens de phare, Louis Cozan est né en 1947 à Ouessant. Il a d'abord navigué sur des pétroliers, puis intégré le service des Phares & Balises en 1968. La profession de gardien de phare n'existe plus – tout est désormais automatisé – et Louis fut le dernier « descendant » du phare de Kéréon. Il nous raconte son métier, ses souvenirs, ses nuits dans le plus beau phare d'Europe, classé depuis 2015 au Monument Historique

« Je n'oublierai jamais ma première montée au phare ! » 31 décembre 1967, Louis Cozan est capelé sur le câble qui le relie au phare de la Jument et le bateau. Assis sur le « ballon », il est en équilibre, ballotté par le vent et balancé par les vagues qui font tanguer le bateau et qui tendent et détendent le câble de vie... « La minute la plus longue de toute ma vie ! »

Eugène Riguidel, l'Ami, le frère de mer, le regarde du coin de l'œil, amusé mais compréhensif... Lui, le marin de course, il en a vu des phares, sur toutes les mers, et il est en amour face à ses colosses et respecte au plus haut point ceux qui les servent. « Ce sont des hommes de grande valeur, des marins immobiles, ils nous guident , nous observent, nous mènent à bon port. » Eugène et Louis ont des histoires de mer par centaine et un point commun : le phare. « Que d'émotions à l'évocation du premier éclat aperçu après des semaines de navigation à l'ancienne, à l'estime. Que d'angoisses et d'incertitudes balayées au premier faisceau éclairant un coin de l'horizon ! »

Mais avant de diriger les bateaux vers leur destination, le Marin Immobile doit monter dans l'édifice. Par temps calme et beau, c’est plutôt une partie de plaisir : on passe du niveau de la mer à 60 mètres d'altitude. L'horizon s'ouvre et l'océan s'offre au regard. « Si on a de la chance, on peut apercevoir Ouessant et Molène ». Mais lorsque, très souvent, la mer est déchaînée, que les vagues s'écrasent sur la roche, au pied du phare, que le bateau ne peut approcher de plus de 15 ou 20 mètres, la ligne de vie et le veilleur assis sur son « ballon » se lancent dans une corrida où la chute peut être fatale. Entre les erreurs humaines (rares !) et la casse mécanique, les accidents et anecdotes sont légions dans ce métier.

Mais le phare de Kéréon, véritable forteresse des mers, est un bijou de construction maritime. « Dernier phare en mer construit, Kéréon est le pus imposant d'entre tous. Il est ce que l'on a fait de mieux en terme de technique d'architecture, les savoir-faire et la qualité des matériaux mis en œuvre dans sa réalisation n'ont jamais été égalés ailleurs...Ebène, chêne de Hongrie, marqueterie, mosaïque, ferrures en bronze... Vivre à Kéréon, c'est vivre dans le luxe ! »

Une fois à bord, il ne reste plus au veilleur qu'à ranger ses effets personnels dans ses quartiers pour une quinzaine de jours. La cuisine, vétuste mais agréable, éclairée par l'Est par une fenêtre de bronze. Elle fait 7 mètres de diamètre et 4 mètres de hauteur sous plafond ! Et bien sur, le salon d'honneur, mythique lieu pour celui qui doit y passer quinze jours au milieu de l'océan.

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