Bouger même quand on a mal

 

Par le Professeur Régine BRISSOT

Bouger quand on a mal au dos?

J’ai mal au dos! Combien de fois n’a-t-on pas entendu ces plaintes?

 

Et c’est bien normal puisqu’environ 70 à 85 % des adultes présentent un ou plusieurs épisodes de douleurs de dos au cours de leur vie, le plus souvent entre 40 et 60 ans, se résolvant en général spontanément en l’espace de quelques jours à quelques semaines. Dans 85 à 90% des cas, ces douleurs n’ont pas de cause identifiable.

 

Dans ces circonstances quelque peu douloureuses, la question de la poursuite des activités physiques ou sportives va immanquablement se poser. Pour savoir que dire ou que conseiller, il faut connaître les éléments suivants :

 

  1. Malgré l’importance du handicap, les douleurs sont en général bénignes et ont un bon pronostic.

  2. Le repos au lit est généralement contre-productif.

  3. La mobilisation précoce est essentielle pour accélérer la guérison. Il est conseillé de poursuivre autant que possible les activités quotidiennes.

  4. Le patient doit être informé sur les mouvements et les positions à éviter et renoncer aux surcharges mécaniques (port de charges lourdes ou avec bras de levier, flexion antérieure du tronc sans appui, position assise prolongée).

  5. Le traitement doit être efficace contre la douleur. Il faut traiter vite et fort

 

L'EXERCICE PHYSIQUE EST-IL UTILE ?

 

Tous les travaux scientifiques le démontrent, l’exercice physique est un moyen efficace de prévention primaire (prévention des nouveaux épisodes) et secondaire (prévention de la chronicité) des douleurs lombaires. L’exercice est souvent identifié comme la seule modalité préventive dont l’efficacité a pu être démontrée. Comme modalité de traitement, l’exercice améliore la condition physique des patients lombalgiques. Les activités physiques doivent être individualisées aux capacités et aux envies de chacun. Elles peuvent être réalisées isolément ou en groupe. Un programme d’exercices supervisé par un professionnel semble plus efficace car la supervision améliore l’adhésion des patients et accroît la diminution de la douleur.

 

La motivation a fait l’objet d’une étude qui montrait qu’un programme d’exercices était significativement plus efficace pour diminuer la douleur et l’incapacité s’il était combiné avec des interventions visant à renforcer la motivation des patients.

 

QUEL TYPE D’EXERCICE ?

 

L’American College of Sports Medicine recommande pour les patients lombalgiques une prescription d’exercice similaire à la population générale, avec une réduction de l’exercice en phase aiguë et quelques ajustements appropriés. Le renforcement de la musculature abdominale et lombaire doit se faire au minimum deux fois par semaine. Tous les exercices de mobilité qui n’augmentent pas la douleur peuvent être recommandés et particulièrement ceux qui concernent les muscles fléchisseurs et extenseurs du tronc et des hanches. Seules les activités incluant des impacts importants comme la course à pied doivent être évitées.

 

ET LE SPORT DANS TOUT ÇA ?

 

Je vous livre un extrait d’un récent article de Dr Y. Henchoz du service de rhumatologie et de médecine du sport du CHUV (Lombalgies non spécifiques : faut-il recommander l’exercice et les activités sportives ?) :

 

« Les activités sportives ont cet avantage sur les programmes d’exercice qu’elles sont généralement plus motivantes et favorisent l’adhésion à long terme. Bon nombre de patients s’interrogent à juste titre sur d’éventuelles activités à privilégier ou à déconseiller. La littérature scientifique à ce sujet est encore peu éclairante. Il faut insister sur le fait que toute activité physique pratiquée à dose modérée n’augmente pas le risque d’aggravation ou de récidive de la lombalgie. Il semble raisonnable de déconseiller les sports impliquant des charges excessives à soulever, comme l’haltérophilie, le judo ou la musculation lourde. Les blocages brusques en rotation du tronc entraînent des forces de cisaillement potentiellement nocives. A ce titre, on déconseillera le squash ou le tennis, bien que la terre battue semble plus favorable que les surfaces dures grâce à la possibilité de glisser lors des changements de direction. Il est très répandu de conseiller aux patients lombalgiques le vélo ou la natation. Ces activités sont sans doute bénéfiques aux patients, notamment parce qu’elles occasionnent une participation conséquente du système cardiorespiratoire, mais présentent le désavantage de peu solliciter la musculature stabilisatrice du rachis en position debout. Une autre recommandation très fréquente est de déconseiller les sports asymétriques comme le golf. Il n’a cependant jamais été prouvé que ce type d’activités pouvait engendrer des déséquilibres musculaires à l’origine de maux de dos. Il semble tout de même plus approprié de recommander des activités telles que la marche, le Nordic walking ou encore les parcours VITA, la randonnée à skis ou en raquettes et le ski de fond ».

 

En résumé, certains sports impliquant des charges importantes ou des changements de direction brusques ne devraient pas être encouragés en cas de maux de dos. En revanche, hormis ces quelques exceptions, les activités sportives peuvent être recommandées car elles favorisent l’adhésion à long terme, notamment en procurant du plaisir. La randonnée à pied ou à ski en font bien évidemment partie.

 

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