Les cancers
Le cancer est une maladie caractérisée par une prolifération cellulaire anormalement importante au sein d'un tissu normal de l'organisme, de telle manière que la survie de ce dernier est menacée. Ces cellules dérivent toutes d'un même clone, cellule initiatrice du cancer qui a acquis certaines caractéristiques lui permettant de se diviser indéfiniment. Au cours de l'évolution de la maladie, certaines cellules peuvent migrer de leur lieu de production et former des métastases. Pour ces deux raisons, le dépistage du cancer doit être le plus précoce possible.
« Cancer » est un terme général désignant une maladie pour lesquelles certaines cellules d'un organisme adoptent un comportement anormal caractérisé par[1],[2],[3],[4] :
- une indépendance vis-à-vis des signaux qui stimulent normalement la prolifération cellulaire ;
- une insensibilité aux signaux et mécanismes anti-prolifératifs ;
- une capacité proliférative qui n'est plus limitée (croissance à l'infini) ;
- la disparition du phénomène d'apoptose ;
- une capacité anormale à susciter l'angiogenèse ;
- et l'acquisition d'un pouvoir invasif et de production de métastases.
Les nouvelles cellules résultantes, dites « cancéreuses » ou « tumorales » peuvent former une tumeur maligne (un néoplasme) ou se propager à travers le corps.
Les facteurs de risques sont internes (génome, mutation[5], etc.), induction par un agent infectieux, etc. et/ou externes (alimentation, exposition à des substances cancérigènes ou à des conditions telles que l'irradiation, etc.). Des facteurs hormonaux, épigénétiques et psychosomatiques sont possibles. 90 à 95 % des cas de cancers ne sont pas attribuables à des mutations génétiques[6].
Durant la dernière décennie, plusieurs types de cancers semblent en augmentation, si dans certains cas cette progression est facilement liée à des facteurs de risque identifiés (tabac, alcool, polluants industriels reconnus cancérigènes, obésité, sédentarité, exposition au soleil) dans certains cas il est difficile d'attribuer à des facteurs précis l'augmentation observée. L'amélioration des outils de diagnostic[7] et le vieillissement de la population[8] expliquent une part importante de la progression de l'incidence de certains cancers. À l'inverse une étude de l'Institut de veille sanitaire montre que les cancers de l'estomac, de l'oesophage (chez l'homme), du col de l'utérus et le lymphome Hodghinien ont régressé entre 1980 et 2000[9].
Bonne nouvelle : le dernier rapport de l’Institut national du cancer révèle que le cancer tue moins qu’il y a vingt ans, mais la mortalité a plus reculé chez les hommes (- 22 %) que chez les femmes (- 14 %). On vit également plus vieux avec cette maladie : 70 % des décès surviennent après 65 ans, dont 50 % après 75 ans. Ces résultats sont dus à la fois à la prévention, au meilleur dépistage et aux progrès thérapeutiques, mais aussi à la diminution de la consommation d’alcool et du tabagisme chez les hommes.
Demeurent deux ombres au tableau : primo, le nombre de nouveaux cas augmente chaque année, secundo, si presque tous les cancers sont moins mortels qu’avant quels que soient l’âge et la région, en revanche, la mortalité par cancer du poumon s’accroît chez les femmes accros à la cigarette. Mais une molécule commune à 11 cancers (sein, poumon, côlon, etc.), qui vient d’être découverte par des chercheurs de l’Inserm, va peut-être changer la donne. Ce marqueur, appelé « récepteur de Fsh », pourrait permettre de détecter les tumeurs plus précocement et plus facilement. Aujourd’hui, les cancers qui guérissent le mieux sont ceux du sein, de la prostate, de la thyroïde, de l’utérus, des testicules, des lèvres, le mélanome, la leucémie lymphoïde chronique et la maladie de Hodgkin (lymphome).
Atlantico a demandé son avis à Nicole Delépine, responsable de l'unité d'oncologie pédiatrique de l'hôpital universitaire Raymond Poincaré à Garches.
Atlantico : Faut-il toujours traiter tous les cancers ? Tous les moyens sont-ils bons ?
Nicole Delépine : Oui, il faut traiter tous les cancers, ou plutôt tous les patients atteints de cancer et en tous cas proposer une perspective thérapeutique au sujet atteint, qu’elle soit agressive ou non, à visée curatrice ou palliative.
Evidemment on ne peut pas répondre que tous les moyens sont bons. Il faudra au contraire les trier au milieu des nombreuses possibilités en fonction de la maladie précise du patient, de l’extension du cancer, de son âge et son état général et physiologique (comment marche son rein, son foie, son cœur etc. Que pourront tolérer ses organes ?).
Il faudra choisir avec le patient en fonction de son choix personnel. Mais dès cette étape, on entre dans l’hypocrisie majeure liée au consentement dit "éclairé". Il est évident que dans la pratique courante l’avis du malade est le plus souvent biaisé, influencé, manipulé par le désir du professionnel. Selon la formulation, les explications des options thérapeutiques et de leurs conséquences potentielles, le choix du patient sera orienté vers celui du médecin. La notion de consentement éclairé est souvent un rideau de fumée qui protège le médecin des conséquences médicolégales potentielles de ses décisions. Dix ans après la loi Kouchner des droits du malade de 2002 qui a introduit l’injonction d’informer le malade très largement, nous en voyons maintenant les effets pervers lorsqu’elle est appliquée sans "tact et mesure" dans l’objectif essentiel de se couvrir. Si la plupart d’entre nous, médecins, y étions très favorables tant l’opacité régnant dans certaines consultations nous interpellait, nous sommes aujourd’hui très souvent consternés par le ravage de cette obsession de "l’information" à tout prix, tout le temps, par tous pour jouer à Dieu ou à la voyante, ou /et pour se protéger le plus souvent.
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