Le gaz de schiste

Joseph LE GUERNIC Ingénieur Géologue

Le gaz de schiste

Le gaz de schiste, également appelé gaz de roche-mère (ou plus rarement « gaz de shale »[1], de l'anglais shale gas), est un gaz naturel contenu dans des roches marneuses ou argileuses riches en matières organiques, roches qui peuvent avoir une structure litée de schiste[2]. Contrairement au gaz naturel conventionnel qui est retenu dans une roche perméable permettant une exploitation facile, le gaz de schiste est piégé dans les porosités d'une roche rendue imperméable par l' argile qu'elle contient. L'extraction du gaz de schiste, particulièrement difficile, nécessite le recours systématique aux techniques du forage dirigé et de la fracturation hydraulique particulièrement couteuses. Le type de roche qui sert de réservoir au gaz de schiste peut également contenir de l'huile de schiste (pétrole) mais dans des proportions beaucoup plus faibles.

File:EIA World Shale Gas Map.png

Le gaz de schiste fait partie des gaz non conventionnels , c’est-à-dire des gaz dont la méthode d’extraction est différente de celle utilisée pour le gaz naturel. Sous cette appellation, on trouve plusieurs types de gaz :

 - le gaz de charbon, plus connu sous le nom de grisou
 - le gaz de schiste ( shale gas ), contenu à une faible densité dans les roches qu’il faut fracturer
 - les tight gas , des réservoirs de gaz réputés difficiles d’accès, constitués de roches poreuses et peu perméables.

Un enfer écologique pour les uns...

Le principal argument invoqué par les anti-gaz de schiste, est l’impact potentiel sur l’environnement de son mode d’extraction, la fracturation hydraulique. Cette technologie, la seule qui permette aujourd’hui d’extraire pétrole et gaz de schiste, est devenue l’objet de toutes les peurs. Interdite en France depuis une loi de juin 2011, cette technique est pourtant pratiquée par l’industrie pétrolière depuis la fin des années 1940. On lui reproche l’immense quantité d’eau nécessaire : de 10.000 à 15.000 m3 par puits - l’équivalent de 4 piscines olympique, mais aussi les risques de pollution des nappes phréatiques et des rivières. Ou encore, le nombre important de puits nécessaires et leur impact sur les paysages. A cela, il faut ajouter le manque de transparence sur les additifs chimiques utilisés.

Plusieurs études publiées par la Commission européenne remettent en cause l'exploitation des gaz de schiste. Le rapport publié par la DG environnement de la Commission européenne montre que son exploitation s'avère plus polluante que l'exploitation avec les méthodes traditionnelles. Et selon le rapport du Centre de recherche commun (JRC),qui a planché sur la sécurité énergétique européenne, l'exploitation des gaz non-conventionnels ne procurerait pas à l'Europe l'indépendance en gaz naturel. Une étude américaine a également récemment révélé une contamination des puits d’eau potable à proximité de sites de forage de gaz de schiste aux Etats-Unis

... un eldorado économique pour les autres

Pour les pro gaz de schiste, leur exploitation ouvrent des perspectives économiques immenses, en terme d’emplois et d’impact sur les prix de l’énergie notamment.

 - les emplois potentiels : le secteur des hydrocarbures non conventionnel est un grand générateur d’emplois. Un organisme spécialisé dans la prédiction économique, IHS Global Insight, rapporte que le développement des gaz de schiste aux Etats-Unis a contribué à la création en 2010 de 600.000 emplois directs, indirects et induits, et devrait générer quelque 900.000 emplois à l’horizon 2015. En France, on peut estimer à environ 62.000 le nombre de création d’emplois pour ce secteur
une moindre dépendance énergétique: d’après l’Agence américaine d’informations énergétiques (EIA), la France recèlerait pas moins de 5.100 milliards de mètres cubes de réserves récupérables de gaz de schiste. Soit plus de 100 fois sa consommation annuelle. Avec une production de 20 milliards de mètres cubes par an, la France disposerait de 17,2 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), soit 12 % de notre production d’énergie (168 TEP). Des éléments à ne pas négliger. En 2011, la facture des importations de gaz et de pétrole a atteint un record à plus de 61 milliards d'euros.
 

- une baisse des prix de l’énergie : La production de gaz de schiste a été multipliée par douze sur le sol américain depuis 2000. L’exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis a entraîné un effondrement des prix et offert aux industriels un gaz trois à quatre fois moins cher qu’en Europe. Conséquence : l’Amérique regagne une compétitivité importante

 

 

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