Par Saskia HELLMUND écrivain et Professeur d'Allemand au collège St Pierre la Cour

Saskia Hellmund, historienne diplômée d’une thèse franco-allemande et originaire de la RDA, fera participer l’audience en direct à cet évènement d’envergure mondiale.
Les manifestations contre le régime est-allemand, les dangers, les incertitudes, les bouleversements pour la population, les conséquences de la réunification pour l’Allemagne de l’Est… l’analyse des faits historiques dévoilera une autre vision de la fin de la Guerre froide, jusqu’alors inconnue en France.
La Chute du Mur a été un moment de grande émotion, mais également un choc pour les Allemands de l’Est. Devoir s’adapter du jour au lendemain à une autre façon de vivre, à d’autres valeurs et exigences, faire face aux fléaux de la société actuelle comme l’insécurité et le chômage : la nouvelle liberté acquise a eu une face cachée. Perdre son pays, ses habitudes et voir dévaloriser ses origines ont été des expériences traumatisantes.
De plus, l’expérience est-allemande offre de nombreux parallèles avec le vécu identitaire breton.

Vous venez de nulle part
.
Qu’est-ce que je peux répondre ? C’est vrai. Je viens d’un pays qui a disparu.
Comme un mirage. Comme dans les contes de fée.
Il hante pourtant toujours mes rêves. Il a laissé son empreinte sur moi. M’a griffée pour toujours. Marquée au fer, exclue, marginalisée
. Distinguée aussi.
Je viens de l’autre côté du miroir. Comme la belle au bois dormant, je me suis réveillée un beau matin dans un monde nouveau, étranger, étrange.
Du jour au lendemain ou presque, le monde de mon enfance a basculé. Pour toujours, sans la moindre possibilité d’un retour en arrière. Mon passé est irrécupérable, inimaginable, incompréhensible pour ceux qui m’entourent aujourd’hui.
Jje suis née en RDA en 1974. J’avais 15 ans quand le mur est tombé, 16 ans quand ma patrie a été rayée de la carte, rayée de la géographie. On lui a collé un préfixe :
ex. Ex-RDA, ex-Allemagne de l’Est. Malgré ces efforts, mon pays n’a pas complètement disparu. Il vit toujours dans les cœurs de ses enfants, dans les souvenirs de tous ceux qui y ont vécu une partie de leur vie. Il vit dans l’amertume de
ceux qui y ont été profondément blessés, qui ont aspiré au respect de la dignité humaine. Il vit dans la nostalgie de ceux qui y ont mené une petite vie tranquille et qui se retrouvent démunis, laissés-pour-compte, abandonnés.
Comment expliquer en quoi mon enfance a été différente de tout ce que vous connaissez ? Que les rêves, les hantises, les combats ont été autres que tout ce que vous pouvez imaginer ?
J’ai grandi dans une société basée sur des valeurs à la fois idéalistes et corrompues.
Une prison oppressante et une invitation à croire en le meilleur dans l’homme.